J’ai trouvé, un jour où je fouinais dans les piles de cartons au rez-de-chaussée de notre maison, des boites de jeu de construction. Les pièces en bois étaient parfaitement rangées, numérotées, dans certaines boites. D’autres contenaient des pièces « en vrac » comme si des enfants les avaient utilisées pour jouer ! Les boites complètes portaient une étiquette sur le couvercle : « ARCHITECTURO« . En complément, « Intéresser = Amuser = Instruire » puis « Jeu des ruines et de la reconstitution« .

A l’intérieur de la boîte, une notice donnait des renseignements sur les modèles pouvant être reproduits ainsi que le nom du fabricant de ce jeu : « L’Industrielle » à La Cluse.

Architecturo utilisait le brevet de M. Paul Robert Geisser, obtenu en Septembre 1920. La première page de la notice portait une illustration avec une légende étonnante : « Village Meusien en reconstruction« . Ce jeu commercialisé dans les années 20 collait donc parfaitement à l’actualité : la guerre de 14-18 a laissé en ruines de nombreux villages dans le grand Est. Est-ce que le fabricant pensait avoir ainsi pour clientèle tous les architectes chargés de la reconstruction ?

Un jeu concours (Ci-dessous la reproduction de la carte – réponse au concours) proposait aux utilisateurs d’envoyer une photo de leur construction. Et les lauréats gagnaient des boites de jeu Architecturo !

Je n’ai trouvé malheureusement aucune trace des résultats de ce jeu concours !
Cependant, ce jeu très complet était sans doute trop complexe pour les enfants, et peut-être mal adapté aux étudiants en architecture. Il n’a donc pas laissé de souvenirs impérissables dans la mémoire des joueurs du début du XXème siècle. Dommage ! un jeu de construction durable avec des pièces en bois du Bugey aurait pu détrôner une marque bien connue de briques en matière plastique !
Mais ces renseignements n’expliquaient pas pourquoi il y avait plusieurs boites neuves dans mon « trésor ». Quelques recherches plus tard, l’Industrielle n’avait -presque – plus de secrets pour moi ! Cette entreprise a été fondée en 1917 par deux industriels du bois de la région, Camille Rozier, de Nantua, et Félix Montange, de Montréal, mon arrière grand-père. Cette société occupait le bâtiment à 3 étages de la soierie « Maurel et Chabert », situé au croisement des routes de Nurieux et de Lyon.
Bien visible sur les cartes postales de l’époque, la grande cheminée indiquait la présence d’une machine à vapeur qui fournissait l’énergie pour entraîner des machines, à la fin du XIXème siècle. En 1917, l’Industrielle fabriquait des caisses en bois pour le transport des munitions (voir annotation sur la carte postale ci-dessous).

Mis à part Architecturo, je ne connais rien des autres productions de cette société, qui a été dissoute le 1er janvier 1932.